RÉSUMÉ

Accès diamant

Contrairement à une idée répandue selon laquelle les publications en libre accès sont payées par leurs auteurs, de nombreux articles scientifiques sont diffusés sans frais pour les lecteurs et les auteurs (modèle « diamant »). En 2021, on estimait entre 17 000 et 29 000 le nombre de revues scientifiques reposant sur le modèle diamant. Les revues accessibles gratuitement représentaient 73 % des revues enregistrées dans le DOAJ (Directory of Open Access Journals).

Le modèle diamant est présent à l’échelle mondiale. Il est particulièrement répandu en Amérique latine (95 % des revues) grâce à l’émergence de grandes plateformes à financement public telles que SciELO et Redalyc, et dans une moindre mesure en Europe de l’Est et en Asie du Sud-est (par exemple en Indonésie). Les revues diamant sont souvent ancrées dans des communautés locales de chercheurs, de professionnels non universitaires et de particuliers : elles jouent un rôle important pour faire circuler la connaissance et préserver la diversité linguistique dans la science.

Les revues diamant forment un modèle économique efficace. Le coût médian par article est estimé à 200 USD, contre 1 200 USD dans les revues commerciales. Leurs ressources sont généralement multiples et sans but lucratif : financement récurrent, subventions, soutien technique, bénévolat. Les revues diamant ont une productivité moindre que les revues commerciales. Leur diffusion d’articles universitaires est généralement plus restreinte, avec moins de la moitié des publications indexées par le DOAJ.

Bien que le concept de « revue diamant » n’ait été introduit qu’en 2011, les publications scientifiques communautaires existent depuis longtemps. On observe depuis des décennies plusieurs types de structures communes, des éditeurs universitaires subventionnés jusqu’aux coopératives administrées par des bénévoles, et le développement de la science ouverte à la fin des années 1990 a ravivé le phénomène. Le soutien des communautés est l’un des atouts majeurs des revues diamant.

En dépit de leur rôle crucial et quantifiable dans l’édition scientifique ouverte, les revues diamant sont longtemps restées oubliées des bailleurs de fonds et des politiques universitaires. Les principaux index tels que Web of Science ou Scopus ont tendance à favoriser les publications commerciales. L’archivage semble constituer un obstacle de taille, et certaines publications risquent d’être délaissées par les grandes initiatives de préservation.

En 2022, de nouvelles politiques nationales et internationales, comme la recommandation de l’UNESCO sur la science ouverte et le Plan d’action pour l’accès ouvert diamant promu par la cOAlition S, sont venues soutenir le développement des revues diamant. De plus en plus, les revues diamant participent d’un nouvel écosystème de « communs scientifiques », au même titre que les infrastructures de science ouverte, les logiciels universitaires gratuits, les programmes de données ouvertes et les métriques ouvertes.

Cet article est publié sur ce site web et simultanément sous la forme d'un article wikipédia mis à jour de manière indépendante.

Wikipedia

Plan

Notes

Plan d’action et étude sur l’accès ouvert diamant

Ouvrages & thèses

Articles et chapitres

Conférences

Autres sources internet

Ressources

Open Access colours Venn

Diagramme de Venn mettant en évidence les différents niveaux de libre accès dans l'édition savante, en fonction du coût pour les lecteurs et les auteurs, de la politique de droits d'auteur et de l'évaluation par les pairs

CC BY 4.0

Adapted from Farquharson, Jamie Ian (2018-07-31). "Introducing Volcanica: The first diamond open-access journal for volcanology". Volcanica 1 (1): i–ix. DOI:10.30909/vol.01.01.i-ix. ISSN 2610-3540.

Philosophical Transactions Volume 1 frontispiece

Page de titre du vol. 1 de l'ouvrage Philosophical Transactions, publié par la Royal Society

CC BY 4.0

Photographe Richard Valencia, extrait de Philosophical Transactions publié par The Royal Society - Volume 1 - Henry Oldenburg

Cover OA Diamond Study

Couverture de l'étude OA Diamond « Étude sur les revues OA Diamond. Partie 1 : Résultats"

CC BY 4.0

Bosman, J., Frantsvåg, J. E., Kramer, B., Langlais, P.-C., & Proudman, V. (2021). OA Diamond Journals Study. Part 1: Findings. Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.4558704

Creation date of diamond journals

Date de création des revues diamant selon les données DOAJ. Figure 8. Années de lancement des revues en libre accès (actuelles). D'après : DOAJ. Le contenu des années antérieures a probablement été mis en ligne en libre accès rétrospectivement.

CC BY 4.0

Bosman, J., Frantsvåg, J. E., Kramer, B., Langlais, P.-C., & Proudman, V. (2021). OA Diamond Journals Study. Part 1: Findings. Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.4558704

World distribution of diamond journals

Répartition mondiale des revues diamant dans l'étude sur l'accès ouvert diamant. Figure 11. Revues par emplacement de l'éditeur. Toutes les régions sont basées sur l'affectation faite par Walt Crawford dans GOA(5). Source : DOAJ et enquête (Q14) DOAJ

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Bosman, J., Frantsvåg, J. E., Kramer, B., Langlais, P.-C., & Proudman, V. (2021). OA Diamond Journals Study. Part 1: Findings. Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.4558704

Cost distribution of diamond journals

Répartition des coûts des revues diamant en pourcentage, d'après l'enquête de l'OA Diamond Study, figure 1. Coût annuel des revues de l'année précédente en pourcentage (n=1 370) ; enquête Q66

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Bosman, J., Frantsvåg, J. E., Kramer, B., Langlais, P.-C., & Proudman, V. (2021). OA Diamond Journals Study. Part 1: Findings. Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.4558704

Accès diamant

Pierre-Carl Langlais
CC BY 4.0
publié le 1 juin 2024
Citer Imprimer Linkedin Bluesky

Pierre-Carl Langlais, « Accès diamant », Petite encyclopédie de la science ouverte / Small encyclopedia of Open Science, publié le 1 juin 2024.
DOI : https://doi.org/10.52949/78
URL : https://encyclo.ouvrirlascience.fr/fr/articles/acces-diamant/

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ARTICLE

Open Access colours Venn

Diagramme de Venn mettant en évidence les différents niveaux de libre accès dans l'édition savante, en fonction du coût pour les lecteurs et les auteurs, de la politique de droits d'auteur et de l'évaluation par les pairs

CC BY 4.0

Adapted from Farquharson, Jamie Ian (2018-07-31). "Introducing Volcanica: The first diamond open-access journal for volcanology". Volcanica 1 (1): i–ix. DOI:10.30909/vol.01.01.i-ix. ISSN 2610-3540.

Le libre accès diamant est défini comme la publication, la distribution et la préservation de textes universitaires (monographies, collections éditées, articles de revues, etc.) à titre gratuit pour le lecteur et l’auteur. On parle également de « libre accès platine », de « libre accès non commercial », de « libre accès coopératif » ou, plus récemment, de « commun en libre accès ». Bien que ces termes aient été forgés dans les années 2000 et 2010, ils s’appliquent rétroactivement à diverses structures et formes de publication, depuis les éditeurs universitaires subventionnés jusqu’aux coopératives gérées par des bénévoles qui existent depuis des décennies.

En 2021, on estimait entre 17 000 et 29 000 le nombre de revues scientifiques reposant sur le modèle de libre accès diamant. Elles représentaient 73 %[footnote « OA Diamond Study 2021 »] des revues enregistrées dans le DOAJ (Directory of Open Access Journals – Répertoire des revues en libre accès) et 44 % des articles, leur production moyenne étant inférieure à celle des revues commerciales. Du fait de l’émergence de grandes plateformes à financement public, par exemple SciELO et Redalyc, le modèle diamant est particulièrement répandu parmi les revues d’Amérique latine (95 % des revues en libre accès[footnote « OA Diamond Study 2021 »]).

Le modèle de libre accès diamant demeure important dans l’édition scientifique, néanmoins il est longtemps resté oublié des bailleurs de fonds et des décideurs universitaires. Ce manque de reconnaissance a eu des conséquences négatives sur de nombreux aspects tels que le soutien économique et la préservation des contenus. En 2022, de nouvelles politiques nationales et internationales, comme la recommandation de l’UNESCO sur la science ouverte et le Plan d’action pour l’accès ouvert diamant promu par la cOAlition S, sont venues soutenir le développement de formes non commerciales ou communautaires de publication en libre accès.

Contexte et définition

Les racines historiques des modèles diamant : clubs du savoir et communs

Philosophical Transactions Volume 1 frontispiece

Page de titre du vol. 1 de l'ouvrage Philosophical Transactions, publié par la Royal Society

CC BY 4.0

Photographe Richard Valencia, extrait de Philosophical Transactions publié par The Royal Society - Volume 1 - Henry Oldenburg

Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, l’édition universitaire se caractérisait essentiellement par d’innombrables structures savantes d’inspiration communautaire peu soucieuses de rentabilité.[footnote « Potts et al. 2017, p. 2 »] La plupart des revues du XIXe siècle et de la première partie du XXe siècle étaient des initiatives collectives, dirigées par un mouvement ou une institution scientifique[footnote « Tesnière 2021 »], et largement adossées à des normes communautaires informelles plutôt qu’à des règles commerciales.[footnote « Fyfe et al. 2017 »] Ces pratiques historiques ont été décrites comme une forme de communs de la connaissance[footnote « Contat & Torny 2015 »][footnote « Martin 2019 »] ou, plus précisément, comme des clubs du savoir à statut intermédiaire entre un commun de la connaissance et une entreprise privée : bien que gérées par une communauté, ces revues étaient surtout utilisées au profit d’une cohorte spécifique d’auteurs et de lecteurs.[footnote « Potts et al. 2017, p. 14″]

En Europe occidentale et en Amérique du Nord, la proportion de revues détenues directement par une communauté ou une institution universitaire commença à diminuer dans les années 1950. Le développement de l’édition scientifique dans le contexte de la mégascience a entraîné ce qui fut perçu comme une « crise » du modèle historique des périodiques scientifiques.[footnote « Bellis 2009 »][footnote « Wouters 1999 »] Entre 1950 et 1980, le nouveau modèle des grandes maisons d’édition commerciales a dominé de nombreux aspects de la publication scientifique dans les pays occidentaux. [footnote « Andriesse 2008″]

Les petites sociétés de presse, en souffrance face au modèle de croissance d’échelle, furent soutenues puis largement supplantées par le « Big 5 » des entreprises d’édition commerciales : Elsevier (propriétaire de Pergamon depuis 1991), Wiley, Springer, Taylor & Francis et Sage. Réalisant les avantages potentiels de ces capitaux et compétences spécialisés grâce à un changement d’échelle inédit, ces nouveaux acteurs ont introduit une approche industrielle de la publication et de la diffusion.[footnote « Potts et al. 2017, p. 2 »]

Cette transformation a eu des incidences considérables sur la gestion des revues scientifiques, à la fois sur les plans économique et éditorial, avec une standardisation accrue des normes de publication, du processus d’évaluation par les pairs et des droits d’auteur. Ce mouvement n’avait cependant rien de mondial ou de général, et les formes communautaires de propriété et de gestion des revues sont demeurées importantes au sein de vastes zones géographiques (comme l’Amérique latine) et de plusieurs disciplines, en particulier dans les sciences humaines et sociales.

Développement du libre accès « populaire » (1990-2010)

L’essor du libre accès s’est bâti sur les facilités inédites offertes par l’édition en ligne et en réaction à l’hyperinflation du tarif des abonnements et au modèle des grandes entreprises qui a fini par dominer la publication scientifique après la Seconde Guerre mondiale.[footnote « Suber 2012, p. 29 »] Les premières initiatives d’édition électronique en libre accès étaient communautaires et sans visées commerciales. Elles s’appuyaient sur une tendance à l’innovation populaire dans le domaine des publications en sciences humaines et sociales :

Entre la fin des années 80 et le début des années 90, une multitude de revues nouvelles sont apparues, d’abord sur LISTSERV puis sur le Web. Les revues telles que Postmodern Cultures, Surfaces, Bryn Mawr Classical Review et The Public-Access Computer Systems Review étaient toutes gérées par des universitaires et des bibliothécaires plutôt que par des professionnels de l’édition.[footnote « Moore 2020, p. 7 »]

Des logiciels libres spécialisés dans l’édition scientifique, par exemple Open Journal Systems, ont fait leur apparition dans les années 2000. Cette innovation a permis un développement considérable des revues non commerciales en libre accès, puisqu’elle a facilité la création et l’administration de leurs sites Web ainsi que leur passage au numérique.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 93″] Parmi les revues enregistrées dans le DOAJ sans frais de traitement des articles (APC, pour « Article Processing Charge »), le nombre de créations annuelles est passé de 100 à la fin des années 1990 à 800 vers 2010, pour ne plus guère évoluer par la suite.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 30 »]

Débats sur l’identité des communs en libre accès (2003-2012)

Lors des premiers débats sur le libre accès, les distinctions entre les formes commerciales et non commerciales de l’édition scientifique et les structures communautaires ou détenues par des entreprises étaient peu soulignées, peut-être en raison de l’absence de modèle économique viable pour le libre accès. À la place, les publications en libre accès étaient divisées en deux catégories : les articles mis à disposition immédiate par l’éditeur et ceux, prépubliés, consultables dans des archives en ligne (sous la forme de préprints ou de post-prints). En 2003, le projet RoMEO débuta la conception d’un système à code couleur pour mieux identifier la politique des éditeurs en matière de libre partage des articles scientifiques, du « jaune » (préprints uniquement) au « vert » (aucune restriction) : « Les éditeurs les plus « verts » sont ceux qui autorisent l’autoarchivage non seulement du manuscrit accepté par l’auteur, mais aussi du PDF de l’éditeur intégralement formaté et paginé ».[footnote « Gadd & Troll Covey 2019″] En 2004, Harnad et al. ont transformé cette classification en une échelle binaire très influente : catégorie « or » (au lieu de « jaune ») pour les articles directement mis à disposition par l’éditeur et catégorie « vert » pour les archives en ligne.[footnote « Harnad et al. 2004″] Ce classement du libre accès en catégories « vert » et « or » n’établit aucune distinction entre les éditeurs commerciaux et non commerciaux. Selon Peter Suber, le modèle « or » englobe à la fois les revues financées par les APC ou d’autres méthodes et celles administrées par des bénévoles : « Dans le jargon des spécialistes, le libre accès consenti par les revues est appelé « libre accès or », et celui consenti par les référentiels d’archivage est appelé « libre accès vert » ».[footnote « Suber 2012″]

À la suite de débats animés avec Stevan Harnad et d’autres militants du libre accès sur la liste de diffusion American Scientist Open Access Forum, Tom Wilson a introduit l’expression « libre accès platine » en 2007.[footnote « Stevan Harnad, There is no Platinum Road, Mail posted on the American Scientist Open Access Forum on May 30th, 2007″] Sur son blogue, il a défendu la nécessité d’élargir la classification des formes de publication en libre accès et souligné le danger de confondre les revues en libre accès de nature commerciale et non commerciale.

[La classification entre « or » et « vert »] n’est pas l’alpha et l’oméga, et elle risque de perpétuer le mythe selon lequel l’unique forme de publication en libre accès est celle proposée par les éditeurs commerciaux moyennant une contribution financière des auteurs. C’est pourquoi je fais la distinction entre le libre accès aux frais des auteurs, que l’on présente généralement comme la voie or (…), et la voie platine qui offre un accès libre et gratuit aux publications sans contribution financière des auteurs. En d’autres termes, la voie platine est ouverte aux deux extrémités du processus, côté soumission et côté accès, alors que la voie or n’est considérée comme ouverte que côté accès.[footnote « Green, Brass and Platinum – three routes to open access »]

L’expression « libre accès diamant » (en anglais, « diamond open access ») fut forgée en 2012 par une mathématicienne, physicienne et militante du libre accès française du nom de Marie Farge.[footnote « Mac Síthigh & Sheekey 2012, p. 277″] À cette époque, elle participait à la campagne « Cost of Knowledge » (« Le coût de la connaissance ») menée par Timothy Gowers contre le coût excessif de l’édition scientifique. La référence au « diamant » était une hyperbole reprenant la métaphore de l’« or », qui présentait le modèle non commercial/gratuit comme le meilleur possible : « J’ai proposé d’appeler cette troisième voie le « libre accès diamant » par surenchère sur l’expression « libre accès or » avancée par les éditeurs ».[footnote « Courriel de Marie Farge à Jean-Pierre Bourguignon, 6 juin 2012″] Le « libre accès gratuit » fut également envisagé comme dénomination alternative.[footnote « Courriel de Marie Farge à Timothy Gowers, 17 mai 2012 »]

Forum of Mathematics, une revue en libre accès cocréée par Timothy Gowers, fut la première à se revendiquer explicitement comme une publication diamant : « Pendant les trois premières années d’existence de la revue, Cambridge University Press renoncera aux frais de publication. Ainsi, durant cette période la revue vivra sous le régime que Marie Farge (qui a beaucoup œuvré pour un système de publication plus rationnel) aime appeler « libre accès diamant », un modèle quasi-miraculeux où ni l’auteur ni le lecteur ne sont mis à contribution. »[footnote « Gowers 2012 »]

Définition du modèle diamant (2012–…)

Cover OA Diamond Study

Couverture de l'étude OA Diamond « Étude sur les revues OA Diamond. Partie 1 : Résultats"

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Bosman, J., Frantsvåg, J. E., Kramer, B., Langlais, P.-C., & Proudman, V. (2021). OA Diamond Journals Study. Part 1: Findings. Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.4558704

En 2013, Fuchs et Sandoval ont publié l’une des premières définitions systématiques du libre accès diamant : « Dans le modèle de libre accès diamant, des organisations, associations ou réseaux à but non lucratif et non commercial publient du contenu accessible en ligne au format numérique, gratuit pour les lecteurs et les auteurs et interdit à la réutilisation commerciale ou lucrative. »[footnote « Fuchs & Sandoval 2013, p. 438″] Cette définition alimente la controverse autour de la principale définition du libre accès or : « Nous appelons à une vision différenciée du concept de publication en libre accès or, car Suber et d’autres amalgament des modèles qualitativement différents, à savoir à but lucratif et non lucratif, tandis que d’autres, en particulier les décideurs politiques, excluent ou oublient tout simplement les modèles à but non lucratif non fondés sur les droits d’auteur ou de lecture. »[footnote « Fuchs & Sandoval 2013, p. 438″] Le débat sur la relation entre les publications en libre accès « diamant » ou « platine » et « or » n’a jamais cessé. Il demeure un point de discorde en 2021, même après la publication de l’étude sur le libre accès diamant.[footnote « Aaron Tay, Why Open Access Definitions are Confusing, Musing About Librarianship, 2021″] Bien qu’il reconnaisse la valeur de l’étude, Martin Paul Eve considère toujours le libre accès diamant comme une « erreur de catégorie ».[footnote « Martin Paul Eve, Diamond Mining, cOAlition S, 2021 »]

Depuis 2013, la littérature théorique sur le modèle diamant est de plus en plus influencée par l’analyse institutionnelle des communs.[footnote « Potts et al. 2017 »][footnote « Moore, Samuel (2019). Common Struggles: Policy-based vs. scholar-led approaches to open access in the humanities (Thesis). K. doi:10.17613/st5m-cx33. »][footnote « OA Diamond Study Recommendations 2021″] Par conséquent, la notion alternative de « communs en libre accès » a récemment émergé, même si elle constitue moins une description qu’un idéal programmatique pour l’avenir du libre accès non commercial.[footnote « Martone & Aghazarian 2019 »][footnote « Lockett 2021″] La conclusion de l’étude sur le libre accès diamant appelle à considérer les communs en libre accès comme « un écosystème de revues en libre accès diamant diversifié, prospère, innovant et davantage interconnecté et collaboratif qui viendra en soutien de la bibliodiversité et au service de multiples langues, cultures et domaines ».[footnote « OA Diamond Study Recommendations 2021, p. 36″] De même, Janneke Adema et Samuel Moore ont proposé de « redéfinir l’avenir de l’édition scientifique au sein de contextes communautaires » à travers une « réduction d’échelle » permettant de préserver et de développer des modèles éditoriaux divers.[footnote « Adema & Moore 2021 »]

Pour 70 % des revues en libre accès diamant, le coût de fonctionnement déclaré est inférieur à 10 000 USD par an. À l’autre bout du spectre, avant l’annulation de son abonnement à Elsevier en 2012, l’université d’Harvard payait 40 000 USB/an pour recevoir une seule revue d’Elsevier (la plus chère).[footnote « Harvard University says it can’t afford journal publishers’ prices. TheGuardian.com. 24 April 2012. »]

L’aspect le plus problématique pour les revues en libre accès diamant est l’indexation et la visibilité du contenu dans les principales bases de données de recherche, telles que Scopus, Web of Science et SciFinder.

Distribution des revues en libre accès diamant

Creation date of diamond journals

Date de création des revues diamant selon les données DOAJ. Figure 8. Années de lancement des revues en libre accès (actuelles). D'après : DOAJ. Le contenu des années antérieures a probablement été mis en ligne en libre accès rétrospectivement.

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Bosman, J., Frantsvåg, J. E., Kramer, B., Langlais, P.-C., & Proudman, V. (2021). OA Diamond Journals Study. Part 1: Findings. Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.4558704

L’étude sur le libre accès diamant estimait à >29 000 le nombre de revues en libre accès diamant en 2021, soit une part importante de la production universitaire.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 27 »] En septembre 2020, le modèle diamant représentait 73 % des revues en libre accès enregistrées dans le DOAJ, avec 10 194 entrées sur 14 020.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 27″] En 2013, Fuchs et Sandoval notaient déjà que le modèle diamant représentait la principale forme de publication en libre accès pour le nombre de revues individuelles : « Le libre accès diamant n’est pas seulement une idée mais plutôt, comme le montrent les données empiriques du présent document, une réalité dominante du libre accès. »[footnote « Fuchs & Sandoval 2013, p. 438″]

Alors que le modèle diamant prédomine parmi les revues en libre accès si l’on considère leurs titres, ce n’est pas le cas si l’on considère le nombre cumulé d’articles, car elles en publient moins dans l’ensemble. L’étude sur le libre accès diamant relève que les 10 194 revues sans frais de publication inscrites au DOAJ ont publié 356 000 articles par an sur la période 2017-2019, contre 453 000 articles pour les 3 919 revues commerciales avec APC : « Nous constatons que le modèle de libre accès diamant publie 8 à 9 % du total des articles scientifiques et que les revues en libre accès avec APC en publient 10 à 11 %. »[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 30″] Cet écart s’explique surtout par des revues en libre accès diamant qui publient systématiquement moins que les revues commerciales : « Dans le DOAJ, nous observons que la majorité des revues en libre accès diamant (54,4 %) publient 24 articles ou moins par an ; seules 33,4 % des revues avec APC présentent un volume similaire. »[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 36 »] Les revues diamant ont également une production éditoriale plus diversifiée qui comprend d’autres formes de contenu savant telles que des critiques de livres ou des éditoriaux, ce qui peut réduire leur représentation dans le nombre total d’articles de recherche.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 30 »]

Sur la période 2014-2019, la production de revues en libre accès diamant a poursuivi son expansion en valeur absolue, mais elle a diminué par rapport à la production de revues commerciales en libre accès.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 31 »] Cette période fut marquée par une croissance significative des grands éditeurs à modèle APC et par une conversion accrue au modèle de libre accès commercial des éditeurs traditionnels rémunérés par abonnement.

L’estimation du nombre de revues ou d’articles diamant est difficile à réaliser, car la plupart des publications non commerciales ou communautaires ne se définissent pas comme utilisant le modèle diamant. Cette qualité doit être extrapolée de de l’absence d’APC ou de toute autre activité commerciale.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 27 »] En outre, les revues diamant ont souvent plus de mal à être référencées dans les index académiques et restent un territoire largement inexploré.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 101 »]

Répartition géographique

World distribution of diamond journals

Répartition mondiale des revues diamant dans l'étude sur l'accès ouvert diamant. Figure 11. Revues par emplacement de l'éditeur. Toutes les régions sont basées sur l'affectation faite par Walt Crawford dans GOA(5). Source : DOAJ et enquête (Q14) DOAJ

CC BY 4.0

Bosman, J., Frantsvåg, J. E., Kramer, B., Langlais, P.-C., & Proudman, V. (2021). OA Diamond Journals Study. Part 1: Findings. Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.4558704

La majorité des revues en libre accès diamant sont publiées en Amérique latine et en Europe : « environ 45 % sont publiées en Europe et 25 % en Amérique latine ».[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 32 »] En proportion relative, le modèle diamant est particulièrement répandu en Amérique latine et en Europe de l’Est, avec respectivement 95 % et 81 % des revues en libre accès enregistrées dans le DOAJ. Contrairement à l’Europe occidentale et à l’Amérique du Nord, en Amérique latine le mouvement en faveur du libre accès s’est largement structuré autour de plateformes à financement public, comme Redalyc ou SciELO, plutôt qu’autour d’éditeurs à modèle APC :

L’Amérique latine possède donc un écosystème où la « publication » est perçue comme un acte de « publicité » ou de « partage » et non comme l’activité d’une industrie de l’édition à but lucratif(…). Les revues universitaires latino-américaines sont dirigées, détenues et financées par des institutions universitaires. Les processus éditoriaux sont rarement externalisés.[footnote « Becerril-García Aguado-López 2019 »]

L’étude sur le libre accès diamant explique ces évolutions distinctes par la présence ou l’absence de grands éditeurs privés : « La plupart des grands éditeurs commerciaux sont basés en Europe occidentale, aux États-Unis et au Canada, ce qui explique en partie la domination relative du modèle APC dans ces régions. Sans ces éditeurs, la situation de l’Europe occidentale, des États-Unis et du Canada serait plus proche de celle des autres régions. »[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 32 »] Les revues latino-américaines ont longtemps été négligées dans les principaux index commerciaux, ce qui a peut-être encouragé le développement d’initiatives locales.[footnote « Babini Machin-Mastromatteo 2015 »]

Le modèle diamant a fini par incarner un idéal de justice sociale et de diversité culturelle dans les pays émergents et en développement.[footnote « Raju 2017 »][footnote « Meagher 2021″] Les revues en libre accès diamant sont plus fréquemment multilingues (38 %) : « Quoique majoritaire dans la science, l’anglais est plus répandu dans les revues à modèle APC que dans celles en libre accès diamant. L’espagnol, le portugais et le français jouent un rôle beaucoup plus important dans ces dernières. Cette tendance s’observe dans la plupart des langues autres que l’anglais. »[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 41 »]

Disciplines

Si les revues en libre accès diamant couvrent la plupart des disciplines, elles prédominent dans les sciences humaines et sociales. D’après l’étude sur le libre accès diamant, le DOAJ regroupe 60 % des publications en libre accès diamant et seulement 23,9 % de celles à modèle APC dans le domaine des sciences humaines et sociales.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 34″] Cette répartition pourrait s’expliquer par l’évolution différenciée de l’édition scientifique au cours du XXe siècle : « Les revues de sciences humaines et sociales à faible tirage sont souvent la propriété d’universités et de sociétés qui privilégient le libre accès diamant. En revanche, beaucoup de grandes revues scientifiques et médicales sont détenues par des éditeurs commerciaux davantage portés sur le modèle APC. »[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 35″]

Le modèle diamant reste présent dans certaines disciplines, avec 22,2 % des revues diamant traitant des STEM et 17,1 % de la médecine. Dans ce domaine, les revues diamant sont souvent ancrées dans des communautés locales, en particuliers dans les pays non-occidentaux : « Il devient évident que les revues locales en libre accès diamant ne sont pas seulement importantes en sciences humaines et sociales, mais aussi en médecine ».[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 40″]

Une enquête complémentaire menée dans le cadre de l’étude sur le libre accès diamant auprès de 1 619 revues diamant révèle une répartition entre disciplines plus complexe : même si les sciences sociales (27,2 %) et les sciences humaines (19,2 %) sont bien représentées, plus d’un quart des répondants ne privilégient aucune discipline en particulier (15,1 % en catégorie « Multidisciplinaire » et 12 % en catégorie « Autre »).

Organisation et économie

La plupart des revues en libre accès diamant sont gérées par des institutions académiques, des communautés ou des plateformes : « La majorité des revues (42 %) sont la propriété d’universités. Les principales alternatives sont les sociétés savantes (14 %) et, dans une moindre mesure, les agences gouvernementales, les presses universitaires et les particuliers. »[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 79″] Cette intégration garantit l’autonomie des revues : elles « restent intrinsèquement indépendantes des éditeurs commerciaux qui n’en sont ni les créateurs ni les administrateurs ».[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 83 »] L’étude sur le libre accès diamant a introduit une taxonomie à 6 types de revues diamant qui est fortement associée au statut de leurs propriétaires : revue institutionnelle, revue de société savante, revue administrée par des bénévoles, revue d’éditeur, revue de plateforme et revue à grand tirage.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 103 »]

Les principales sources de financement des revues diamant ne sont pas monétaires : soutien en nature des instituts de recherche (hébergement, maintenance logicielle, services de révision, etc.) et contributions volontaires.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 117 »] Les subventions sont nettement moins citées, peut-être parce qu’elles constituent rarement une source régulière de soutien.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 118 »] Depuis les années 1990, les plateformes partagées sont devenues des intermédiaires importants pour les revues diamant, surtout en Amérique latine (Redalyc, AmeliCA, ScIELO, Ariadna Ediciones) et dans certains pays européens comme la France (OpenEdition Journals, via Lodel), les Pays-Bas, la Finlande, la Croatie et le Danemark (tous via la plateforme Open Journal System de PKP).[footnote « New Communities: Scholar-led publishing und Open Access | Zeitschrift für Medienwissenschaft. zfmedienwissenschaft.de (en allemand). Consultation le 24/09/2022. »] Alors que le modèle diamant se définit avant tout par l’absence d’APC, certaines revues de ce type (moins de 5 à 10 % des répondants à l’enquête de l’étude sur le libre accès diamant) conservent une activité commerciale en facturant des services ou des fonctionnalités supplémentaires (freemium).[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 118 »]

Cost distribution of diamond journals

Répartition des coûts des revues diamant en pourcentage, d'après l'enquête de l'OA Diamond Study, figure 1. Coût annuel des revues de l'année précédente en pourcentage (n=1 370) ; enquête Q66

CC BY 4.0

Bosman, J., Frantsvåg, J. E., Kramer, B., Langlais, P.-C., & Proudman, V. (2021). OA Diamond Journals Study. Part 1: Findings. Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.4558704

Le coût de fonctionnement des revues diamant est faible : la moitié des 1 600 revues interrogées durant l’étude sur le libre accès diamant « ont déclaré des coûts inférieurs à 1 000 USD/EUR » par an.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 110 »] Le coût médian par article est d’environ 200 USD, ce qui est nettement inférieur aux frais standard de traitement des articles dans les revues commerciales en libre accès.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 112 »] Ce faible coût s’explique par un soutien institutionnel, par des dépenses limitées et par le recours au bénévolat : 60 % des revues interrogées dans le cadre de l’étude sur le libre accès diamant étaient au moins partiellement gérées par des bénévoles.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 115″] Le mode de gouvernance influe directement sur le modèle économique des revues en libre accès diamant. Rattachées à une institution universitaire, elles sont davantage susceptibles de bénéficier d’un financement ou d’un soutien direct, tandis que « les revues appartenant à des sociétés savantes dépendent bien plus des cotisations de leurs membres ».[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 79 »]

Enjeux et perspectives

Un périmètre en apparence restreint

La définition du libre accès diamant en introduction de cet article fait référence à « la publication, la distribution et la préservation de textes universitaires […] à titre gratuit pour le lecteur et l’auteur ». Cependant, les discussions récentes laissent apparaître un possible rétrécissement du périmètre qui, dans la pratique, cantonnerait en grande partie cette définition aux revues.

Ce rétrécissement du périmètre conceptuel peut s’expliquer par des raisons pragmatiques, mais il faut garder à l’esprit que le concept du libre accès diamant est indépendant du format, lequel peut inclure toutes les productions de la recherche depuis la revue jusqu’à la version longue (chapitre de livre, monographie) qui joue un rôle important dans les sciences humaines et sociales.

Préservation

La préservation à long terme, essentielle à toutes les publications savantes, est un aspect particulièrement scruté des revues en libre accès diamant. D’après une enquête réalisée dans le cadre de l’étude sur les revues en libre accès diamant, 57 % des revues « déclarent qu’à leur connaissance, elles ne disposent d’aucune politique de préservation ».[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 96″] L’absence de mécanisme de préservation pour les revues en libre accès sans APC a été qualifiée de « tragédie des communs ».[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 100″] Alors que les bibliothèques sont incitées à préserver les articles publiés par les revues sur abonnement pour attester du bon usage de leurs investissements, le contenu en ligne gratuit échappe à cette pratique : « Souvent, les démarches de préservation et d’accès continu visent à garantir la consultation des revues après la résiliation de leur abonnement ».[footnote « Laakso et al. 2020, p. 3 »].

Des initiatives cherchant à corriger ce phénomène sont en cours, comme le projet JASPER qui réunit le DOAJ, CLOCKSS, Internet Archive, le registre KEEPERS et le réseau PKP PN, ainsi que la préservation automatique des articles publiés dans LOCKSS quand Open Journal Systems (OJS) est employé.[footnote « PKP Preservation Network | Public Knowledge Project. »] D’après l’étude sur les revues en libre accès diamant, 60 % des sondés utilisent ce logiciel open source populaire pour gérer et publier leurs revues en libre accès diamant.[footnote « OA Diamond Study 2021, p. 98 »]

Reconnaissance

Bien que les revues diamant représentent une part importante des publications en libre accès, les politiques scientifiques et les mécanismes de financement s’en sont longtemps désintéressés :

Cette réalité est pourtant insuffisamment reconnue et prise en compte dans le débat sur les revues en libre accès. Il existe un risque de voir les intérêts des éditeurs en libre accès diamant négligés et de laisser le modèle de libre accès commercial façonner l’avenir de la publication universitaire. Par conséquent, nous appelons à une réorientation du débat et à une prise au sérieux du modèle diamant par les décideurs politiques en les exhortant à lui apporter leur soutien.[footnote « Fuchs & Sandoval 2013, p. 438 »]

Le lancement de l’initiative cOAlition S en 2018 a rendu plus pressante la question de la reconnaissance des revues diamant.[footnote « Moore, Samuel (2019) Common Struggles: Policy-based vs. scholar-led approaches to open access in the humanities (Thesis). K. doi:10.17613/st5m-cx33. »] Le soutien à la publication en libre accès serait désormais conditionné au respect de normes éditoriales et économiques difficilement accessibles aux revues diamant en raison de leurs moyens limités. L’étude sur le libre accès diamant a été commandée en 2020 par la cOAlition S. Dans sa recommandation finale, elle préconise d’intégrer pleinement les revues diamant dans le Plan S :

D’après certaines revues, les bailleurs de fonds de la recherche ont la responsabilité de soutenir ou même de favoriser les publications en libre accès diamant, qui sont souvent exclues des discussions sur le financement du libre accès. Le principe 5 du Plan S stipule que « les organismes de financement soutiennent la diversité des modèles d’affaires pour les revues et les plateformes en libre accès », néanmoins les perceptions ne pourront changer que si les financeurs s’intéressent au libre accès diamant en plus du libre accès or et de l’édition traditionnelle. Cette action serait parfaitement susceptible de combler les lacunes existantes dans le domaine de l’édition en libre accès.[footnote « OA Diamond Study Recommendations 2021, p. 32″]

En 2020 et 2021, la reconnaissance institutionnelle du modèle diamant s’est considérablement accrue grâce à des engagements sans précédent de la part d’organisations nationales et internationales. En 2021, la recommandation de l’Unesco sur la science ouverte appelait à soutenir « les modèles de publication à but non lucratif, pilotés par la communauté universitaire et scientifique, en tant que bien commun ».[footnote « Draft text of the UNESCO Recommendation on Open Science, 2021, CL/4363″] Le deuxième Plan français pour la science ouverte encourage la « diversification des modèles économiques » en mettant particulièrement l’accent sur le modèle diamant, qui devrait permettre « la transition de l’abonnement vers l’accès ouvert sans frais de publication ».[footnote « Second French Plan for Open Science, 2021 »] En mars 2022, un Plan d’action pour le libre accès diamant a été publié avec le soutien de cOAlition S, Science Europe, OPERAS et de l’Agence nationale de la recherche française.[footnote « EUA signs Action Plan for Diamond Open Access »] Son objectif est de « constituer un écosystème autour de ce modèle de publication, et de le placer sous le contrôle de la communauté académique elle-même ».[footnote « Ancion et al. 2022, p. 1 »]